7 freins pour soigner l’anxiété

Quand j’accueille des élèves parisiens en stage, ils arrivent stressés - par le métro, par leur boulot, ou même par leur vie sociale.

Après 2 jours au vert à pratiquer le Yoga en leggings chaussons, ils repartent détendus et ressourcés. Malheureusement quand j’échange avec eux quelques semaines plus tard, leurs symptômes sont de retour - irritabilité, impulsivité, difficulté à se concentrer, vision négative, insomnies, fatigue, maux de tête. Nous ne vivons pas dans un monde de bisounours : on ne peut certainement pas supprimer à 💯% le stress dans nos vies.

Mais c''est comme s’il y avait un décalage entre leur réalité vécue et leur niveau de stress quotidien.
En observant leur corps, leur respiration et leur fonctionnement mental, j’ai pu identifier 7 freins qui les empêchent de se libérer complètement de leur anxiété. L’anxiété est multi-factorielle : certains blocages sont invisibles à l’oeil nu. Je pense notamment aux facteurs neuro-physiologiques.
D’autres barrières ont plus attrait aux comportements et aux pensées automatiques qui nous traversent et à nos conditionnements.

1. Un cerveau anxieux, par défaut

Le réseau du mode par défaut

L’anxiété est souvent associé.e à une hyper-activité du réseau du mode par défaut du cerveau, un réseau neuronal qui génère des pensées auto-centrées. Dans le cas de l’anxiété ou de la dépression, les pensées sont chargées négativement en émotions : "Je suis nulle je ne vais jamais y arriver” ou "De toute facon je suis anxieux.se c’est foutu pour moi”.
On se définit alors de plus en plus par son anxiété : c’est un cercle vicieux.

2. Un système nerveux, courcircuité

Le système nerveux régule les fonctions autonomes de l’organisme : le coeur, la respiration. La branche sympathique accélère ces fonctions. Chez une personne anxieuse elle est trop souvent active. Le système s’épuise. On est constamment stressé mais jamais au max de nos capacités !
On peut observer ce dérèglement nerveux à travers la variabilité du rythme cardiaque qui devient cahotique et plus faible…tout comme le champ émotionnel.

En rouge la variabilité du rythme cardiaque d’une personne en situation de stress,
en bleu la variabilité d’une personne détendue en “cohérence cardiaque”

3. Des amygdales en 🔥

Dans le cas d’une anxiété généralisée c’est carrément la structure du cerveau qui est altérée. Chez les anxieux.ses les amygdales sont hyper-connectées au cortex pré-frontal qui peine à les réguler. D’un point de vue comportemental on sur-réagit aux émotions. C’est aussi le parfait terreau pour les addictions.

Les amygdales, deux petits noyaux en forme d’amande qui stockent la mémoire émotionnelle

4. La peur du vide

Qu’est-ce que je vais devenir sans mon anxiété ? Improductif.ve ? Feignant.e ?

Quand on carbure à l’anxiété depuis de nombreuses années on ne connait plus d’autre moteur d’action.
On devient dépendant aux hormones du stress : adrénaline, cortisol…
On est des junkies anxieux.

5. La pression sociale

“Les gens occupés sont importants."
”Si je ne suis pas stressé.e je ne vaux rien”
”J’ai peur de m’ennuyer”
Quand je me retrouve confrontée à ce type de pensées je me demande souvent : qu’est-ce que penserait l’enfant que j’étais de ce mode de raisonnement ?

Avec le temps ces pensées sont devenues automatiques. Elles guident votre comportement, plus ou moins consciemment.

Se libérer de l'anxiété c’est se libérer du productivisme. Reprendre le temps de réfléchir, de lire, voire de s’ennuyer.

Une critique féministe de la productivité par Laetitia Vitaud

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6. La focalisation sur des problèmes plus grands que soi

De plus en plus de personnes sont éco-anxieuses et je les comprends : il y a de quoi s’inquiéter quand on traverse une crise sanitaire, une canicule sans précédent historique et qu’on pense aux projections scientifiques des climatologues. Pourtant, pour citer Wear Sunscreen ma chanson de philosophie préférée…

Worrying about the future is as effective as trying to solve an algebra equation by chewing bubble gum. The real troubles in your life will always be things that never crossed your worried mind.
— Baz Luhrmann, Yogi des temps modernes

Vous savez probablement déjà que s’inquiéter n’est pas très utile. Pourtant c’est difficile de vous en empêcher. Ca a encore un lien avec le réseau du mode par défaut captivé par vos propres soucis et les problèmes de ce monde. Dans le Yoga on entraîne l’esprit à rester présent avec la réalité qui nous entoure. Cela ne signifie pas pour autant qu’on évite les problèmes…

7. L’évitement des problèmes

Qu’est ce que l’anxiété sinon un tas de problèmes qui s’empilent en backlog dans votre cerveau ?

L’anxiété c’est notre crainte anticipatrice du problème et une faible confiance dans notre capacité à le résoudre. Pourtant on a tous l’expérience d’un problème qui tourne en boucle dans notre tête : quand on s’y attaque pour de bon c’est comme une libération.

Le Yoga nous met face à nos comportements et nos pensées automatiques. Prendre conscience de ces freins peut générer beaucoup de frustrations.
Il nous apporte aussi un guide pratique pour nous libérer de nos modes de fonctionnement problématiques.

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