Ashtanga et état de flow

En tant qu'entrepreneur ou travailleur indépendant, vous avez le choix. 

Vous pouvez continuer à travailler dans la contrainte ou créer les conditions pour aimer votre travail. 

 Dans cette article, je vous parle de l’état de "flow'', la grâce en action, un état aussi productif qu'évasif. Je vous explique les règles du jeu et les mécanismes neuronaux pour y arriver.

Enfin je vous présente l’Ashtanga Vinyasa Yoga, la méthode yogi par excellence pour atteindre cet état de conscience. Et les prochaines occasions de découvrir cette pratique avec moi. 

T’es dans le flow ?

Avez-vous déjà fait l’expérience du flow ?

Le flow est un état où l’on est entièrement absorbés dans ce qu’on fait. Pour les artistes, les entrepreneurs, les chirurgiens, ou les skaters, c’est le St Graal mental qui leur permet d’atteindre leur performance optimale.

Ceux qui sont dans “la zone” décrivent un sentiment de contrôle sur la réalité, une concentration intense, une perte de conscience du soi, du temps et des jugements des autres. Ils parlent d’une action sans effort, où leur productivité est maximale sans sacrifier sa santé mentale.

Dans le dessin animé Soul qui décryptent nos états de conscience, on voit les âmes d’artistes qui flottent dans la “zone”. extrait ici

Dans le dessin animé Soul qui décryptent nos états de conscience, on voit les âmes d’artistes qui flottent dans la “zone”. extrait ici

Je suis fascinée par les divergences des paysages mentaux chez les humains : seuls  25% d’entre nous feraient l’expérience régulière du “flow” quand 10% déclarent ne pas connaître cet état. La plupart d’entre nous - environ 40% -  en font l’expérience aléatoire, au détour de leur vie.

L’état de flow semble souvent incertain, voire fuyant. Plus on cherche à l’atteindre, plus il se dérobe. 

Il semblerait que cet état intérieur émerge de conditions extérieures, pas toujours dépendantes de notre volonté. 

En tant qu’indépendant, on ne peut pas forcer cet état. En revanche, on peut fixer les règles du jeu pour lui permettre d’émerger.

On peut comprendre et renforcer les processus cognitifs qui soutiennent cet état.  

Comprendre les règles du jeu

Le flow arrive quand on perçoit une action comme un jeu : les règles doivent êtres précises et les objectifs atteignables. La tâche doit être suffisamment dure pour être intrinsèquement intéressante, suffisamment claire pour avoir confiance dans notre capacité à la réaliser.

Le psychologue  Csikszentmihalyi, théoricien de l'état de flow graphique, a créé ce modèle pour décrire la dynamique du flow :

Le flow exige un  réajustement constant du niveau de difficulté et de ses compétences.

De l'ennui au flow

Si le niveau de difficulté perçu est inférieur au niveau de compétences, notre cerveau se désintéresse de la tâche et s'ennuie

De l'anxiété au flow

A l'inverse si le niveau de difficulté perçu est plus important que celui du niveau de compétences, notre cerveau peut se sentir débordé par le challenge

Quand on est employé dans une entreprise, c’est le travail du manager qui nous maintient dans cet état productif. Quand on est sportif, on a souvent un coach qui nous accompagne pour nous insuffler sa confiance et nous montrer nos angles morts.

La difficulté de l’indépendant est de créer soi-même les règles du jeu, et de s’y tenir sans se laisser parasiter par des questionnements permanents.
Il y a plein d’outils qui peuvent aider : l’écriture, le recours à un coach professionnel, le soutien d’une communauté…et l’auto-discipline.

Les mécanismes neuronaux du flow

Cet état n'arrive pas par magie. Avant d'accéder au flow dans leur domaine, tous les grands sportifs ou artistes ont dû s'astreindre à de nombreuses heures de travail. 

Le flow est une fonction psychologique qui grandit avec la pratique et une meilleure compréhension de notre fonctionnement mental.

Il existe deux théories pour expliquer ce qui se passe dans le cerveau dans l'état de flow.

  • La première hypothèse -  l'hypofrontalité transitoire - suggère que les fonctions cognitives supérieures sont inhibées, limitant les pensées parasites notamment les pensées relatives à soi. 

  • La deuxième théorie, la synchronisation, montre qu'il existe toujours une activité importante dans la région frontale du cerveau. La fluidité cognitive viendrait d'une plus grande efficacité neuronale, expliquée notamment par la synchronisation de plusieurs réseaux cérébraux. C'est cette synchronisation qui crée l'expérience mentale du "flow", comparable à la méditation pleine conscience. 

Dans les deux cas, ces théories associent l'état de flow à l'automatisation de processus cognitifs, qu'elle soit consciente ou non.

L'automatisation repose sur l'acquisition de compétences, qui exigent d'abord des efforts et du temps, avant de devenir automatique grâce à une pratique régulière et systématique. 

Ces processus mentaux disparates deviennent alors un arrangement fluide d'actions.

Il y a plein d'activités qui se prêtent à rentrer dans le flow - le travail, les pratiques artistiques ou sportives.
En plus d'une méthode pratique pour rentrer dans le flow, le Yoga apporte une compréhension systémique de cet état cognitif. C'est l'association des deux qui nous permet de rentrer dans le flow dans tous les pans de notre vie.

Systématiser le flow avec l’Ashtanga Yoga

Cet été j'ai voulu améliorer ma technique d'Ashtanga Yoga. 

A défaut de pouvoir retourner en Inde, je suis partie en Blablacar en Provence pour étudier avec Claire.

Claire Saunders est l’une des rares professeure autorisée à enseigner l’Ashtanga Vinyasa Yoga par le KPJAYIen France. Elle s’est formée auprès de Sharath Jois, le petit-fils du fondateur de la méthode, à qui elle rend visite tous les ans en Inde.

Dès le deuxième jour à ses côtés, je retrouve les sensations comme au premier jour de pratique : lucidité, énergie, et une foi sincère dans tout ce que j’entreprends. 

Je profite de cet état de flow pour travailler après mes cours à la terrasse du PMU du village.

C'est au cours d'une de ses sessions que je geek sur PubMed et que ca connecte dans mon cerveau : l'Ashtanga c'est une sorte de guide très détaillé pour rentrer dans le flow.

Première Série d'Ashtanga Yoga - Full disclaimer : cette personne n'est pas moi mais Corrie Ananda, professeure en Angleterre

L'Ashtanga Yoga est une pratique très codifiée : on pratique tous les matins la même séquence de postures coordonnée à la respiration. Tout est fixé : le compte de respirations, les points de regard dans les postures, les mantras d'entrée et de fermeture.

Au fur et à mesure qu'on progresse on rajoute des nouvelles postures à sa séquence, de plus en plus difficiles. On affine aussi sa compréhension du corps et de la respiration dans chaque posture, en intégrant petit à petit les bandhas.

Quand on a fini la première série, c'est-à-dire qu’on maîtrise l’ensemble des postures en respectant le compte des respirations et les drishtis - points de regards, on peut s’attaquer à la deuxième série. Chacun progresse à sa vitesse, il faut parfois dix ans pour maîtriser la première série.

Claire est une excellente enseignante. Elle le doit à ses trente ans de pratique de la technique de l’Ashtanga Yoga, qu’elle enseigne dans les pures règles de l’art.  

Quand je la retrouve pour mon cours à 7h, elle a déjà fait la troisième série, qu'elle pratique tous les matins. Un jour, elle m'a dit, les yeux illuminés "Parfois je me demande pourquoi je continue à faire une pratique aussi difficile tous les matins. C'est une vraie discipline. Mais à la fin de la pratique, je sais. Je me sens prête à affronter n'importe quel challenge dans ma journée".

La pratique de l'Ashtanga Yoga nous prépare à rentrer dans le flow chaque jour de notre vie, avec son lot de bonheurs et de difficultés. Un professeur de Yoga est là pour nous guider dans le flow, petit à petit, à force de pratique et de régularité.

Critères du flow, selon Csikszentmihalyi Ashtanga Vinyasa Yoga
Un haut degré de concentration sur un champs limité d'attention Points d'attention fixes : alignement postural, respiration, point de regard
Des objectifs clairs et atteignables Répétition d'une même séquence, progressivement plus dure
Perte de conscience de soi, intégration de l'action et la conscience Réduction de l'activité mentale grâce à la synchronisation des postures et de la respiration
Feedbacks immédiats et objectifs Accès à la posture finale, notamment pour les inversions ou les postures d'équilibre
Un sentiment de contrôle personnel sur l'activité Pratique autonome et apprentissage de la séquence par coeur pour rentrer dans son "flow""
Un équilibre entre le niveau de compétences et la difficulté Ajustement de la pratique pour chaque élève en fonction de son niveau
Activité intrinsèquement motivante La dopamine et l'action sur le système nerveux rendent la pratique très agréable à force de pratique
Précédent
Précédent

Moi profond et intéroception

Suivant
Suivant

Investir sa santé mentale